"...et l'emporter au Paradis"

Des récits qui ne manqueront pas de réveiller vos sens et votre imagination...
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cLEg7

"...et l'emporter au Paradis"

Message par cLEg7 »

pour ceux qui connaissent "vendre son âme au diable..." ceci est une suite, prévue de longue date mais que je n'avais qu'ébauchée.



Elle l'observe tandis qu'il boit son café, qu'il mange une tartine, papote avec Jeannine, lui raconte ses vacances, le bateau, la mer, la pêche, les plages, le jet-ski... Elle fronce les sourcils soudain, et se demande pourquoi elle le trouve changé... Quand elle l'a rencontré la première fois il était juste gentil, agréable, charmant. A présent il est différent, quelque chose chez lui l'attire... Une sorte de...fragilité? De sensibilité?

Au moment d'entrer dans la maison elle a, l'air de rien, laissé la cravache qu'elle tenait à la main le frôler, tout le long de sa cuisse. Il n'a pas su retenir un bref, presque inaudible, soupir. Elle l'a vu fermer les yeux, bloquer son souffle, et si elle l'avait mieux connu, elle n'aurait pas hésité à frapper un petit coup sec sur ses fesses pour l'encourager à passer la porte.

Depuis, elle est assise là, à la table de la véranda, la cravache sur les genoux, elle joue avec, et la garde bien en vue, riant intérieurement de voir son regard sans arrêt y revenir... Il la dévore des yeux, hypnotisé... Elle serre le manche et la laisse glisser le long de sa jambe, pointe au sol, avant de fouetter le tapis en sisal. Il crispe sa main sur sa serviette.

Il reste trois semaines de vacances, trois semaines... Estelle sourit, la tête baissée, jouant de la pointe de la cravache dans les brins du tapis... Il peut s'en passer des choses, en trois semaines...

"Jérémy? Ca te dit pas d'essayer de remonter à cheval? J'y ai pris goût je crois... Mais ça m'ennuie de devoir sans arrêt monopoliser ton père pour ça, surtout maintenant qu'il a la nouvelle jument à dresser... "

"De toute façon il part quelques jours, il a un rendez-vous d'affaires avec des clients à Hong-Kong. J'aime pas trop monter, mais si tu en as vraiment envie je ferai un effort. On va pas décourager les bonnes volontés hein?"

"C'est gentil. J'apprécie le geste!"

Elle rit, et incline le buste dans une parodie de révérence.

"T'as intérêt! Je sacrifie mon postérieur pour tes beaux yeux là, hein?"

Elle glousse, mais les idées qui lui viennent à l'esprit, même si elles ont à voir avec son postérieur, n'ont plus rien à voir avec l'équitation...



"On pourrait se baigner?"

Alerte rouge dans la tête d'Estelle. Surtout pas, marques de cravache sous maillot de bain, foule de questions stupides en approche. (ndla : voir "Vendre son âme au diable...")

"Pas trop envie, j'aime pas la piscine ça pique les yeux... Par contre j'irai bien marcher, une bonne balade ça me ferait du bien, depuis que je suis là, j'ai peu ou prou pas quitté les lieux..."

"Marché conclu, mais seulement si on rentre assez tôt pour aller au cinoche ce soir, alors."

"Ca roule. J'vais me changer, j'arrive."

Jean pas trop serré, boots, et T-shirt moulant sans soutien-gorge, parce que bon, avec la transpi ça gratte, puis... elle a bien envie de l'allumer un peu, le Jérémy, aussi, faut dire... Dans son petit sac à dos, une bouteille d'eau fournier gracieusement par Jeannine, et quelques pommes. Un bon coup de crème solaire, tout de même, et c'est parti mon kiki.

Il s'est changé aussi : bermuda décontracté, chemisette entrouverte sur le devant, Jeannine est passée par là aussi, il tient un sac à la main :

"Elle a pas voulu que je parte sans prendre une bouteille, du pain et un saucisson..."

"Elle a pas tort, si on veut marcher plus que le tour du parc, on sera pas rentrés à midi hein?"

"Ouais..."

"C'est pas vrai, t'es allergique à l'effort ou quoi?"

"Ben... C'est juste que... c'est pas passionnant de marcher quoi, pis c'est pas comme si je connaissais pas le coin, on va dire."

"Ben justement tiens, ton père m'a dit qu'y avait une chapelle abandonnée dans la colline derrière, tu m'y emmènes?"

"Euh...Oui... Je... J'espère que je vais retrouver la route, c'est tout. J'y suis plus retourné depuis des années, on y allait avec ma mère, avant..."

Elle n'insiste pas. Elle se met simplement en route, se disant que s'il a envie de la mener sur les lieux de ses souvenirs avec sa mère, il le fera. Il la rattrape, la devance, et ils marchent, un bon moment, en silence. Ils quittent le domaine, par l'arrière, à travers les bois, et commencent à monter la colline, le chemin tournant autour, longeant un ruisseau asséché.

Tout en marchant, elle arrache un pissenlit en graine, et souffle dessus, arrosant son guide de petites étoiles virevoltantes.

"Hé! ca chatouille!"

"Chochotte!"

Elle recommence, c'est pas les munitions qui manquent. Pile dans son cou, cette fois, et il en plein les cheveux.

"Arrête ou je te fais pareil"

"T'oseras pas."

"Qu'est-ce que t'en sais?"

"Je le sais, c'est tout, t'oseras pas, parce que si tu tentes, tu sais que je vais me venger... Et ça fera mal!"

"Peuh..."

Il boude? En tout cas il se détourne et reprend sa marche. Elle attrape une poignée de graminées, des avoines folles, et cette fois, attrape le rebord de son col pour les lui fourrer directement sous la chemise.

"Han mais arrête!! Ca pique ces saloperies!"

Elle n'attend pas qu'il réagisse et se sauve, le dépassant et bifurquant lâchement derrière un bosquet d'arbres. Là, elle avise des orties, en contre-bas...

"Je te préviens, c'est même pas la peine de planifier une contre-offensive! Je suis armée!!! Tu n'en sortiras pas vivant!"

"Je mourrai mais ne me rendrais pas!!! A l'assaut!"

Il se précipite, lâchant son sac au passage, et...

"Aille, aille, aille!!! t'es dingue!!! aille, ça fait mal! Arrête! J'me rends!"

Les orties sur dans les jambes ça pique, c'est radical. Elle les tient avec une des serviettes gracieusement fournies par la gouvernante, deux, trois tiges, et les agite devant elle, sans même chercher à viser, juste pour le tenir à distance.

"Ha! Je le savais! Que d'la gueule!"

"Ouais mais tu te bats comme une fille, tu triches, tu emploies des armes prohibées!"

"Comme une fille hein?"

Elle cingles les mollets nus, et le regarde sautiller sur place.

"Je me rends j'ai dit!!! T'as jamais entendu parler de drapeau blanc toi?"

"M'en fous, j'ai pas signé les accords de Genève moi, à la guerre comme à la guerre, pas de pitié!"

"Fais moi au moins prisonnier quoi... Tu pourrais...chais pas moi...toucher une rançon!!! Tu seras payée! En sauciflard!"

"Ca se discute... Ramène tes mains dans ton dos, pour voir?"

Il s'exécute et elle attache ses mains, grossièrement, avec la serviette tordue en un lien sommaire. Ca ne tient que par miracle, mais on s'en fiche, c'est qu'un jeu de toute façon... Et il joue le jeu.
cLEg7

Re: "...et l'emporter au Paradis"

Message par cLEg7 »

"Et en avant! Allez ma biquette! Allez!"

Elle le mène à la baguette, simple tige de coudrier arrachée à la hâte, cinglant ses mollets à la volée, pas trop fort elle n'ose pas, mais juste assez pour qu'il rit en tentant d'y échapper. Il fait beau, pas trop chaud encore, on entend de ci de là un oiseau, et surtout, les abeilles bourdonnant dans les fleurs sauvages, ça sent la lavande, le miel et la forêt. En fait, pour être honnêtes... C'est lui qui mène, qui la guide plutôt : il s'arrête, de temps en temps pour dire :

"Tiens, c'est par là... Je me rappelle ces rochers."

ou encore :

"On y est presque. Encore ce ravin à traverser et ça y est."

Et en effet, au détour d'un surplomb rocheux, apparaît la chapelle. on ne peut plus la voir de loin et pour cause : elle a perdu son clocher, ne restent que les quatre murs et un semblant de toiture rongée par la végétation. L'ensemble ferait presque lugubre ne seraient le soleil et l'air estival.

"Oh la vache, on dirait un château hanté. Une chapelle hantée!"

"Oui hein? j'adorais jouer aux vampires ici avec mon cousin."

"M'étonne pas... C'est digne d'un film d'horreur, avec la grille tordue et les pierres tombales, là."

"Ce sont des ancêtres éloignés, d'après ce que m'a dit mon père, mais bon, j'suis pas vraiment calé en généalogie."

"Et si on mangeait?"

"T'as déjà faim?"

"Ben, il est pas loin de midi et le grand air ça creuse hein? Raboule le saucisson je l'ai bien mérité! je te rappelle que c'est mon butin de guerre!"

En grand vainqueur, elle lui libère les mains et va s'asseoir sur un gros cailloux, croise les jambes et annonce, la main tendue devant elle, pointant vers le sol :

"J'attends mon tribut, Vercingétorix! Et qu'ça saute!"

"Oui César! tout d'suite César! Mais me fais pas jeter aux lions, j'suis allergique aux poils de chats."

Alors que César ricane, le pauvre vaincu déballe son saucisson, son pain et sa bouteille qui s'avère être un Bergerac rouge que Vercingétorix a bien du mal à déboucher avec son petit canif de l'armée suisse... Elle rit de le voir s'escrimer sur le bouchon, prenant tantôt la bouteille à une main, puis la calant entre ses cuisses. Enfin, la bouteille cède, dans un magistral plop qui fait fuir une volée d'oiseaux du buisson le plus proche. Il lui apporte les fruits de son labeur, penaud, et les dépose devant elle, sur la serviette qui lui liait les mains.

"A boire esclave! Mon gosier est sec!"

Il lui tend la bouteille, un genoux en terre, la tête basse, avec une expression comique, luttant contre le rire.
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Biquette
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Re: "...et l'emporter au Paradis"

Message par Biquette »

Kireseth a écrit :"Et en avant! Allez ma biquette! Allez!"

Je savais que tu m'aimais bien, mais là, dans ton récit :love: :tombe: :love: :d

J'attends la suite :bounce
Le pire dans tout ça, c'est qu'on a pas droit à une deuxième chance alors qu'on aurait su quoi en faire.
Invité

Re: "...et l'emporter au Paradis"

Message par Invité »

J'attends la suite avec impatience
DeLsEp9

Re: "...et l'emporter au Paradis"

Message par DeLsEp9 »

N'enfin,

mais bon inspiration en vacances :modo: :modo: :modo:
cLEg7

Re: "...et l'emporter au Paradis"

Message par cLEg7 »

Carrément...
entre le mois d'août avec 3 gamins et la rentrée, j'ai du mal à aligner trois mots de façon à faire une phrase là déjà... :soupir1:
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