Flop a écrit :A-t-on le droit d'être seul ?
A-t-on le droit d'essayer de s'aménager des temps réservés à soi, rien qu'a soi, sans personne à coté ?
A-t-on le droit de préférer la nuit, le seul moment de calme, où l'on sait que le téléphone ne sonnera pas, que l'enfant ne demandera pas d'attention ?
A-t-on le droit d'aimer cette période particulière de la vie, la nuit ?
A-t-on le droit de demander à en profiter une fois de temps en temps ?
Est-ce qu'une personne seule à la maison même submergé de travail peut comprendre cette envie d'être seul, des fois, juste seul, en sachant que rien ne va la perturber dans sa quiétude ?
Comment expliquer à quelqu'un qu'on aime plus que tout que cette envie d'être seul est importante aussi !
Les journées sont difficiles, beaucoup de routes à faire, se lever tôt, rentrer tard.
Les journées sont difficiles, impression de passer à coté de beaucoup de choses.
Les journées sont difficiles, longues, faut toujours être de bonne humeur, quoi qu'il arrive, le client a toujours raison.
Les journées sont difficiles, intensives, on ne sait jamais si le travail sera suffisant pour avoir son salaire.
Quand est il possible de relâcher la pression, de libérer la soupape ?
Quand on est réputé pour être calme, posé,
Quand on est toujours patient, compréhensif,
Quand est il possible de relâcher la pression, de libérer la soupape ?
Comment, et à quel moment peut-on dire: <<ce soir, m'attends pas, va te coucher, j'ai envie d'être seul !>> ?
Pour en revenir à ce post initial dont je ne prends connaissance que maintenant, c'est la majorité des questions que je me pose. Sans doute pour cela que j'ai également une angoisse terrible à l'idée de l'engagement à la manière dont je le perçois dans mon entourage. Avec horreur, je réalise que le couple "stabilisé" et vivant quotidiennement comme tel devient de plus en plus tout ce que je refuse. Le bonhomme qui demande à sa compagne ce qu'elle fait à l'instant T, la bonne-femme qui dit à son conjoint de ne pas rentrer trop tard, les soirées où les deux "cohabitants" doivent impérativement ne pas se lâcher la grappe et s'inventer une soirée en famille ou un jeu de société avec les gamins, bref tout stratagème pour ne pas perdre l'autre de vue une seconde. Bin merde quoi, on ne fait pas les choses séparées en couple, voyons ! Je ne sais pas si c'est la pression sociale et la représentation du modèle du couple tel qu'il devrait être qui veut ça, mais c'est terriblement angoissant quand on y pense. N'être traitée par l'entourage ou l'autre en lui-même comme la moitié d'un tout, c'est pour moi ce qu'il y a de pire. Comme si certains se sentaient si incomplets qu'ils ne pourraient avoir d'autre choix que d'aller foutre le grappin sur celui/celle qui saura composer un tout. Deux moitiés de personne pour ne faire qu'un. C'est affligeant.
Je n'exagère pas lorsque je dis que c'est une réelle anxiété, qui a été quasi-permanente durant mes 3 ans de vie commune. Pour les amis, la famille, l'entourage, tu es "le couple". Pas untel + untel en tant que personnes distinctes, mais le couple machin-chose qui habite ensemble. Effrayant. Je crois, et plus j'y réfléchis dans une perspective concrète plus ça me semble être la seule explication plausible, que je ne peux pas vivre une cohabitation fixe de longue durée avec quelqu'un. Deux semaines comme nous faisons parfois, ça me paraît raisonnable, quelques mois passeraient encore. Mais des années ... Au bout de quelques jours, je ressens déjà le besoin (pas l'envie, le besoin) de m'isoler, d'aller prendre un bouquin, de m'installer dans le fauteuil pour écouter un peu de musique, de sortir me promener seule ne serait-ce qu'une heure. Je crois que ça dépend des gens en réalité, de leur nature et leur conception. A vrai dire, je n'aime pas réellement être assimilée à celui qui partage (partiellement) ma vie. J'ai beau être attachée à la personne en question, je ne crois pas pouvoir me contenter de simples moments à roucouler ou à baiser à longueur de journée, ou plus banalement de faire des activités communes à longueur de temps. Au bout d'un certain stade, j'ai simplement envie d'hurler de manière totalement hystérique "bordel de l'air, c'est affreux on étouffe !"
J'ai, de mon côté, la grande chance de connaître quelqu'un qui partage cette angoisse (vraiment, j'insiste sur le mot) du quotidien commun et inséparable. Mais c'est également l'une des raisons de certaines de mes hésitations, d'un mal-être certain lorsque j'y réfléchis deux secondes. Au moment où les deux s'installent ensemble, les concessions de ce genre sont assez faciles, mais à l'arrivée de la routine on peut définitivement faire une croix sur son indépendance (autant aux yeux des autres qu'à ceux de celui devenu conjoint). Je conçois une vie sans "amour" (on met ce qu'on veut dans ce terme) ou sans relation sentimentale, beaucoup moins sans sexe sur la longue durée, mais la fatalité a fait que ... On me disait sans cesse que ce genre de propos me passeraient après quelques relations, mais non.
J'ai besoin aussi de considérer la personne en face pas uniquement comme celle que j'aime, ce que je trouve abêtissant à la longue, mais aussi comme un individu à part entière, et donc d'avoir des instants comme je pourrais avoir avec un simple ami. Jouer la nénette accrochée au bras qui roucoule, je ne m'y retrouve pas. J'ai énormément soif dans une relation d'échanges, de dialogues plus ou moins versés dans la transmission d'opinion, de "culturel". En cela, j'aime aussi la distanciation. M'enrichir auprès de l'autre, apprendre, me montrer curieuse, sont des choses qui comptent tout autant (voire un peu plus) que les démonstrations d'affections.
Je suis une angoissée du "couple", mais pas de la mise en commun des idées et du lit, dirons-nous.