Sucrette prit la tarte, me l'aplatit sur le visage avec un gracieux mouvement de poignet, très féminin, puis la remonta jusqu'au sommet de mon crâne, traçant un long sillage de crème blanche dans ma chevelure noire et luisante.
Un « oh ? » de surprise retentit dans le restaurant et nous devînmes la cible de tous les regards. Nullement intimidée, Sucrette, avec une moue mutine, écarta la crème qui me couvrait les yeux d'un revers de ses index : elle voulait que je ne perde rien du spectacle.
Elle pris deux tartes et passa derrière moi.
Je me tenais bien droit, attendant le coup...
Elle les abattit alors de part et d'autre de ma tête, dans un grand jaillissement de crème.
Puis, elle commença à l'aplatir depuis le sommet de mon crâne jusqu'en bas de mon visage, me couvrant la figure sous une épaisse coulée blanche et onctueuse, prenant bien soin de toujours me dégager les yeux et mélangeant soigneusement la crème à mes cheveux, pour qu'elle s'imprègne.
D'un doigt, elle en recueillit un peu et, portant son index à ses lèvres rubis, elle goûta ce dessert qu'elle m'offrait.
Elle eut un sourire gourmand.
Tout autour, les femmes gloussaient, et immortalisaient l'instant sur leur mobile tandis que les hommes, gênés pour moi, feignaient ne rien voir.
Sucrette captura un œuf dur sur la table voisine, me fit ouvrir la bouche, langue sortie, et l'y enfonça.
J'eus un léger mouvement de recul mais j'acceptais son présent.
Puis elle pris une saucière remplie d'un coulis de chocolat.
Elle dégagea ma raie médiane avec son ongle afin d'en faire couler le liquide tout du long.
De lourdes traînées noires se peignirent sur ma figure crémeuse, coulant du front, gouttant de mon nez...
Sucrette repassa derrière moi puis en versa dans mon col de chemise, entre mes omoplates, avant de passer le plat de sa main pour mieux l'étaler.
Puis elle me fit lever en m'empoignant par le col.
Les bras ballants, je la vis écarter le rebord de mon pantalon et verser le reste de la saucière dans mon caleçon.
Des femmes applaudirent l'exploit.
Alors, elle forma au sommet de ma tête un petit monticule de crème chocolatée et y déposa une cerise confite en riant de son petit rire enfantin et charmant.
Elle me fit placer ensuite à quatre pattes puis saisit deux tartes, et m'en aplatit une sur le visage, et l'autre sur le postérieur, simultanément. Elle remonta la seconde depuis le bas de mes reins jusqu'à la nuque.
Sur le coup, je brisais l'œuf dans ma bouche.
Je dû alors soigneusement le mâcher et l'avaler.
Enfin, elle condescendit à m'adresser la parole : « Oublie encore une seule fois mon anniversaire et je te refais ta fête. »
Elle m'autorisa à baiser la pointe de ses chaussures en signe de contrition.
Puis, sans me faire l'aumône d'un regard, elle sortit en secouant sa crinière bouclée, sous les applaudissements des convives.
Je restais immobile, en proie au quolibets.
La serveuse, une blonde à queue de cheval et aux beaux yeux verts, vint malicieusement me coincer l'addition dans la bouche.
Bon anniv' Sucrette
