Rencontre Capitale chapitre 3

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Vacma
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Rencontre Capitale chapitre 3

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1

A bord d’une Toyota Yaris qui faisait à la fois office de véhicule personnel et de fonction, Julie Thérain parcourait les rues des communes du sud de la cité angevine, non loin des bords de la Loire et du Louet. S’arrêtant ci et là, à cheval sur la chaussée et le trottoir, elle sortait de sa voiture énergiquement puis trottait, une sacoche à la main, pour s’en aller frapper à la porte d’un appartement ou d’une maison quand elle n’y pénétrait pas sans en demander l’autorisation. Si elle se permettait cette audace, c’est parce qu’elle était très attendue et pas uniquement pour les soins médicaux qu’elle dispensait. Sa conversation et sa joie de vivre étaient des baumes apaisants pour ses patients qui rivalisaient d’astuces pour la retenir à leur domicile. Julie mettait un point d’honneur à la qualité de ses rapports avec ses patients afin de passer plus de temps avec eux et leur offrir plus que de simples soins infirmiers. Sa fonction d’infirmière libérale ne se limitait pas à faire des prises de sang ou à changer des pansements, elle s’y investissait corps et âme quite à en souffrir. Combien de fois avait t’elle pleuré pour avoir perdu un adorable octogénaire trop malade pour devenir nonagénaire ou pour avoir assisté une personne atteinte d’un cancer incurable ? Elle-même l’ignorait. Quand l’urgence des soins ne lui donnaient pas le temps de boire son café sous sa véranda en désordre, elle pouvait compter sur ses patients favoris pour lui en servir à s’en faire gonfler la vessie comme une outre. Insatiable pipelette, il lui arrivait fréquemment de se pointer en retard chez les uns et les autres, empiétant sur son temps de repos afin de boucler sa ronde. Et la liste des patients était longue, ce qui était tant mieux puisqu’il s’agissait de son gagne-pain. Son matériel rangé dans le coffre et le manteau posé en vrac sur la banquette arrière, elle faisait ronfler le moteur en flirtant avec les limitations de vitesse tout en écoutant Dire Straits sur sa clé USB puis se garait et sortait toujours de la voiture avec la même vivacité. Elle consultait à l’occasion son iPhone, répondait aux messages puis repartait. Souvent elle se disait que le nombre d’heures dans la journée se suffisaient pas pour respecter son planning . Fraîchement divorcée, Julie Thérain se rendait régulièrement à la salle de sport même si elle papotait plus qu’elle ne poussait de la fonte et surtout elle s’occupait de ses trois enfants avec une attention soutenue. À 53 ans, elle faisait partie de ces quinquagénaires pétillantes de santé et son indépendance ne la rendait que plus resplendissante. Elle avait gâchée trop de précieuses années avec homme taciturne, égoïste et manipulateur. Ce dernier s’était toujours arrangé pour passer pour un gentil auprès des autres mais il avait littéralement bouffé la santé mentale de Julie qui, trois ans plus tôt, péta carrément un plomb et se réfugia chez son amie Chantal. Quelques semaines plus tard, elle demandait le divorce et s’en suivit les lourdes et interminables procédures auxquelles peu de gens s’attendent lorsqu’elle décident de tirer le frein à main et de faire un demi-tour brusque et parfois dangereux sur le sentier glissant de la vie. On ne sait jamais comment le conjoint réagira mais lorsqu’il n’y a plus de partage et de communication dans un couple, alors il est grand temps de mettre un terme au mariage et de passer à autre chose.
Profondément dégoûtée par la gent masculine, c’était avec une méfiance profonde qu’elle répondait aux inconnus qui voulaient l’aborder. Bien entendu, elle était consciente de ce contrecoup. Julie consultait une psy pour faire la part des choses et se reconstruire. Ses très rares tentatives pour renouer des liens avec les hommes furent aussi brèves que catastrophiques. Il fallait dire que ses copines l’entraînaient dans des pubs à drague et Julie n’appréciait guère qu’on lui balance des compliments sur son postérieur avant même qu’ils aient échangé quelques mots. En attendant, elle pouvait se vanter de posséder une belle maison qu’elle retapait petit à petit, un job qu’elle aimait et trois beaux enfants qu’elle adorait et qui la suivirent très volontiers lors de sa séparation. Ce triangle constituait sa fierté et les fondaisons de sa quête vers le bonheur.

2

Si les mois d’avril réservaient quelques chutes de neiges tardives dans certaines régions, ceux du Maine et Loire sonnaient définitivement le glas de l’hiver et ce n’était pas pour rien que la douceur angevine méritait sa réputation. Il ne s’agissait pas non plus de se découvrir d’un fil mais quand le soleil brillait haut et fort, il redonnait des couleurs aux visages pales et le moral grimpait comme le mercure dans les thermomètres. D’autant qu’il y en eut de la neige en cet hiver 2018. La liaison ferroviaire avec Paris en souffrit tout particulièrement et les routes furent dangereusement glissantes. Alors le fait de pouvoir délaisser le manteau pour se contenter d’un pull épais enthousiasma Julie qui répandait la chaleur dans les foyers de par son unique présence.
Madame Blanc qui, du haut de ses soixante-dix-sept printemps, et qui ne pouvait faire deux-cents mètres à pieds sans devoir s’asseoir à cause de sa chondrocalcinose articulaire, attendait son infirmière sur une chaise sur le devant de sa veille maison de plein pied. Le soleil faisait du bien à son corps usé et ses douleurs aux genoux lui semblaient plus lointaines. Quand Julie se gara derrière la haie, elle lui fit un grand geste de la main droite, la gauche étant bandée pour s’être brûlée au deuxième degré trois jours plus tôt en sortant un fondant au chocolat du four. Elle attrapa sa canne et se leva pour l’accueillir. Elle aimait encore plus cette femme joviale qui écoutait ses anecdotes du passé que ses deux enfants qui ne lui rendaient que des visites de politesse.
- Bonjour Julie, s’exclama t’elle d’une voix usée mais ravie. Entrez donc, j’ai préparé du café.
- Bonjour madame Blanc, répondit-elle de sa voix fluette et enjouée, vous prenez l’air ? Ça fait du bien avec ce beau soleil n’est-ce pas ?
- Comme vous dites. Mes douleurs sont moins fortes quand les rayons du soleil se posent sur ma vieille peau parcheminée alors je ne manque jamais d’en profiter. Elle est révolue cette époque pendant laquelle je pouvais tenir debout toute une journée à travailler à la chaîne puis aller danser une nuit entière.
- Vous savez, moi non plus je ne sors plus en boîte de nuit. Je préfère rester assise toute une soirée mais en bonne compagnie et dans un lieu moins bruyant. Faites moi donc voir cette main que je vérifie la brûlure et que je vous change ce pansement.
- Oh, c’est tout juste si je la sens maintenant. Un jour, j’ai mis une claque à mon défunt mari parce qu’il avait fréquenté une campeuse d’un peu trop près lors de vacances à Rochefort. Franchement, ça m’avait plus cuit la main que de toucher malencontreusement le cadre de mon four. N’oubliez pas de boire votre café, il est tout chaud.
- Ahlala, les hommes ont bien du mal à se maitriser quand une petite nana leur fait des avances. Mon ex-mari avait un œil bien entraîné pour ce qui était de mater les femmes. Et maintenant, c’est moi qui mate les beaux mâles, hihi.
- Vous ne devez pas manquer de prétendants jeune fille car vous ne manquez pas de charme. Les lolos que vous cachez sous ce pull en cachemire doit donner des démangeaisons à bien des mains masculines car vous êtes plutôt bien équipée à ce niveau-là. Et vous pouvez vous permettre de faire la difficile en ayant des critères rigoureux dans une fourchette d’âge assez large. Est-ce qu’il y a un nouvel homme dans votre vie ?
- Merci pour votre compliment madame Blanc, vous êtes adorable. mais je ne suis plus toute jeune non plus. Par contre, je fais attention à mon hygiène de vie tout en combattant mon addiction pour le chocolat. Et non, il n’y a pas d’homme dans ma vie. Juste des approches maladroites et vulgaires. Les hommes seuls de ma tranche d’âge ne sont pas célibataires pour rien et ils manquent outrageusement d’élégance. J’ai eu un rencard la semaine dernière, un type avec qui je papotais sur un site de rencontre soi-disant sérieux et quand je l'ai rencontré, je me suis dit “ouhlala‼! Ne me dites pas que c’est lui!”
Elle grimaça en ressassant cette scène tout en posant un nouveau pansement absorbant hydrocolloïde sur la main rougeâtre.
- Je discutais virtuellement depuis quelques temps avec lui avec mon iPhone et il me semblait pas mal. Même sa photo me laissait croire qu’il était assez bel homme.
- Sauf que la photo ne devait pas être d’actualité et par ailleurs, on peut faire ce qu’on veut maintenant avec les photographies en masquant les imperfections. Je suis vieille mais pas ignorante en la matière.
- Sa principale imperfection aura été de tricher sur son physique. Nous nous sommes donnés rendez-vous place du Ralliement en face du grand théâtre et j’ai découvert un vieux ringard. Il se donnait un look de rockeur avec un vieux blouson noir qui n’était plus noir mais gris foncé, ses jambes étaient maigres comme des bâtons et il trimballait un petit bidon certainement rempli de bière. Je me suis quand même approchée pour lui dire bonjour. Il empestait la clope à trois kilomètres. Il avait les joues trop creuses, des dents jaunâtres et des cheveux longs, gris et gras. Alors je lui ai dit d’emblée que ce n’était pas la peine et que nous en resterions là.
- Berk, Berk, Berk ! Vous avez bien fait Julie, commenta t’elle en secouant sa main saine d’un geste indolent comme si elle chassait une mouche gênante. Vous méritez mieux que ça.
- C’est ce que je me suis dit. Il m’a simplement répondu OK et je suis repartie, un peu déçue mais pas malheureuse non plus. J’en ai profité pour faire les boutiques, là au-moins je peux choisir. Et voilà madame Blanc, un beau pansement tout neuf qui favorisera la cicatrisation et accélérera la régénération de l’épiderme. Je dois y aller maintenant, j’ai encore une dizaine de patients à soigner. Merci pour le café, j’en avais bien besoin.

3

Une fois de retour dans sa Toyota, elle écrivit quelques mots sur son iPhone en souriant puis reprit sa tournée pendant que Mark Knopfler faisait vibrer ses cordes vocales et celles de sa guitare sur Sultans of Swing. Julie avait souvent l’impression de se promener pendant son travail et elle adorait cette liberté, celle d’être son propre patron et de ne plus rester enfermée des heures durant comme à l’hôpital. À peine avait elle redémarré que le système bluetooth de son téléphone retentit en clouant le bec au chanteur mythique en indiquant un appel entrant de Léa. Elle décrocha avec appréhension et écouta sa fille.
- Maman, c’est moi ! Juste pour te dire que mon réveil n’a pas sonné, que j’ai raté la première heure de cours et que je risque de rater la deuxième aussi. Je suis désolée, ce n’est pas ma faute. J’avais réglé mon réveil hier soir. Je sais que tu ne peux pas me sauver la vie Maman mais je préférais te prévenir avant que le collège le fasse. En plus, Valentin et Anaïs ne sont pas à la maison alors je…
- Ça je sais très bien que ton frère et ta sœur ne sont pas à la maison, continua Julie très sèchement, ils ont prévenu hier soir qu’ils ne dormaient pas là. Ils sont majeurs eux et ne ratent pas leurs cours‼!
- Je sais maman, mais…
- Et toi tu n’es encore qu’au collège et ton réveil est aussi fiable que la parole d’un candidat aux élections présidentielles. C’est au moins la troisième fois cette année. Il est 10h, alors tu vas prendre ton sac, enfiler tes chaussures, filer à l’abribus pour te rendre au collège et suivre la dernière heure de la matinée.
- Oui maman, répondit-elle avec un air triste presque comique. Comment je fais pour le mot d’excuse ?
- T’as qu’à demander au réveil de t’en rédiger un ! On verra ça plus tard, pour l’instant je travaille !
Elle raccrocha puis roula jusqu’au prochain patient en maugréant, engueulant les quelques limaces qui ne démarraient pas suffisamment vite quand les feux passaient au vert et ceux qui échouaient lamentablement leurs manœuvres en créneau. En réalité, c’était la sixième fois que Léa s’oubliait et jusqu’à maintenant, c’était toujours tombé sur les jours de repos de Julie. Fervente adepte des très grasses matinées, elle râlait après sa benjamine en sautant dans ses vêtements pour la déposer au collège et tout finissait par s’arranger. Cette fois-ci, Léa était livrée à elle-même et l’humeur de Julie passa du beau fixe au mode je-rouscaille-après-toute-âme-qui-vive. “Et son bon à rien de père qui n’est jamais là quand ça merde, ajouta t-elle en pestant.” Elle gratta d’énervement ses cheveux bruns et bouclés puis s’arrêta chez Monsieur Defay pour ses prélèvements sanguins, une tâche rapide. La tête à nouveau dans son job, elle retrouva son sourire, sonna au portail puis fit un coucou de la main quand les rideaux de la fenêtres s’écartèrent. Les orages se calmaient rapidement dans le ciel de Julie Thérain, même s’ils laissaient toujours un souvenir de leur passage. La porte s’ouvrit sur un homme entre deux âges et visiblement malade qui lui fit signe d’entrer. Les yeux fatigués aux paupières tombantes se plissèrent comme un rictus de plaisir se dessina sur ses lèvres desséchées. La venue de cette infirmière joviale était le moment favori de ses journées et quand elle s’en allait, il se disait à chaque fois qu’il aurait bien aimé rencontrer une femme comme elle vingt ans plus tôt.
Julie posa des pansements d’ulcère à une patiente, piqua une autre patiente et repiqua jusqu’à 13h. Elle passa au laboratoire d’analyses puis s’en retourna au cabinet médical au Pont de Cé pour y déposer sa paperasse et remplir sa sacoche en vue de la tournée en fin d’après-midi. Elle avait faim et s’en alla chez elle, non loin du cabinet. Une bonne sieste s’imposerait après avoir mangé et répondu à ses messages en attente dans son site de rencontres.
À 13h30, elle passa le portail de sa belle demeure en pierres apparentes et dont l’intérieur était en travaux de rafraîchissement. Elle désactiva l’alarme, déposa son sac et ses affaires puis se dirigea vers la cuisine en désordre. Des photos de ses enfants tapissaient les murs aux côtés des casseroles en cuivre, des aimants en forme de départements français recouvraient la porte de son frigo et le centre de cuisine supportait des corbeilles de fruits et tout un tas de factures et de publicités. Dans un silence total, elle se réchauffa les restes du gratin dauphinois de la veille puis s’installa sous la véranda pour les manger. Léa était à la cantine et les grands ne rentreraient qu’en fin de journée. Elle considéra les meubles qui gisaient de part et d’autre de la véranda et qui retrouveraient leur place d’origine une fois le sol de la salle refait. Quel désordre, pensa t’elle en appréciant l’évolution des travaux. Il n’y avait pas d’homme aux doigts de fée ici pour se charger de toutes ces tâches et ceux de son ex-mari n’étaient bons qu’à se les fourrer dans les narines et à donner des ordres, comme un calife habitué à se faire obéir. Pas grave, elle se sentait en accord avec elle-même et elle pouvait compter sur la solidarité féminine pour lui donner occasionnellement un coup de main.
Une fois rassasiée, elle grimpa dans sa chambre au style cocooning dont le lit était couvert de multiples oreillers, se déshabilla puis s’allongea en vue d’une sieste réparatrice. Son iPhone émit un son de cloche pour annoncer la réception d’un nouveau message qu’elle lue dans la foulée. Encore un profil masculin désireux de parler avec elle en nourrissant l’espoir de la rencontrer ou de recevoir des photos osées. Disons plus clairement que le profil arrière de Julie l’intéressait plus que sa science. Toujours ce fantasme de l’infirmière vieux comme la genèse ! Déjà deux ans que son arrière train n’avait connu que ses propres doigts ou la triste présence ponctuelle d’un gode en silicone pour soulager son appétit sexuel. Elle voulait évidemment bien redécouvrir les plaisirs de la chair mais pas avec un pervers dont la langue serait pendante et dégoulinante de salive ni avec un pauvre type dénué de classe et de savoir-vivre. Elle questionna le profil sur ses intentions puis éteignit la lumière. Elle s’occuperait de son cas plus tard à celui-là. Le corps emmitouflé sous la couette, ses réflexions se brouillèrent pour devenir incohérentes avant de s’endormir pour de bon.

4

Ce fut Léa qui la tira de son sommeil profond et dénué de rêve.
“Léa ? S’étonna Julie d’une voix toute ensommeillée”. Elle chercha son iPhone à tatons puis regarda l’heure. 16h déjà ! Elle murmura un juron en laissant retomber sa tête sur l’oreiller. Il était temps de se lever, elle n’avait déjà que trop dormi. La voix fluette de sa fille retentissait du couloir qui menait à sa chambre, elle venait de rentrer de cours. Elle se redressa à contrecœur, son corps lui semblait lourd et ses gestes patauds ! Elle ouvrit les volets et les rayons de lumière lui donnèrent l’impression que des aiguilles de seringues se plantaient dans ses yeux plissés. Ensuite, elle se dirigea vers la douche juxtaposée à sa chambre vêtue uniquement de sa nuisette qu’elle portait de travers. Un de ses seins dépassait de la bretelle sans qu’elle ne s’en rende compte. Elle l’a retira, fit couler l’eau puis posa les pieds sur le revêtement carrelé.
Il lui fallut une dizaine de minutes pour se sentir regaillardie. Un drap de bain noué à hauteur de sa poitrine, elle vérifia ses messages privés sur Love Nest, son site de rencontres avant de s’habiller. Le simple fait de répondre dans la tenue d’Ève lui donnait le sentiment exquis d’être nature et coquine. Elle fit un tri pour ne s’intéresser qu’aux profils masculins qu’elle appréciait et jeta les autres à la corbeille. Certains vivaient à l’autre bout de la France et d’autres qu’il lui était impossible de rencontrer puisqu’ils résidaient dans des pays étrangers mais quelques uns habitaient la région et valaient la peine qu’elle s’intéressât à eux.

L’épreuve de son divorce l’avait vidée de toute sa force mentale, sa confiance envers les hommes s’était très sensiblement amenuisée alors Julie se réfugia dans son travail pour tenir le coup. Consciente de son état de faiblesse, elle avait décidé de consulter un psychologue pour la coacher dans son escalade sur la rampe escarpée et traîtresse qui mène au bonheur. Elle se força à sortir, à fréquenter des amies puis s’inscrivit dans un site de rencontres pour apprendre à se rapprocher à nouveau des hommes sans avoir à les approcher directement. Julie pensait que l’idée était aussi sage que bonne. Elle se donna le nom Cygne49 puis créa un avatar qui mit sa poitrine généreuse en valeur et le commenta en inscrivant:”Je veux combler mes appétences puisque nous n’avons qu’une existence”. Elle avec expectance que quelques hommes répérèrent son profil et le moins que l’on puisse dire, c’est que le résultat fut à la hauteur de ses espoirs car il y eut du monde sur le balcon. Des centaines de messages affluèrent et envahirent son compte dans les jours qui suivirent, la plupart exposant en toute abjection le contenu de leurs sous-vêtements. D’autres plus modérés mais tout aussi nombreux mettaient leurs muscles en valeur et ceux qui n’en avaient pas affichaient une photo d’un mâle viril comme en voit sur les premières pages des romans historiques. Quelques uns jouaient la carte du voyage et du rêve en comblant l’arrière plan de leurs profils de photos de plages tropicales et de cocktails en forme de noix de coco. Enfin, d’autres déclaraient sans embarras leur propension envers la domination. Comme Julie n’avait pas de tendance sadomasochiste, elle ne prenait pas la peine de s’intéresser à leurs messages. il était inutile d’être un internaute confirmé pour remarquer que la plupart d’entre eux n’étaient pas sérieux . Le fantasme du viol et de la femme soumise ne lui disait rien, elle avait suffisamment donné avec son ex-mari.
Elle lue néanmoins quelques messages et fut dépitée par tant de bassesse. En tant qu’infirmière ayant travaillée dans de nombreux services, plus grand chose ne la choquait mais elle découvrit plus de bites en érection qu’il n’y avait d’arbres sur l’île Saint Aubin. Les messages étaient bourrés de fautes d’orthographe ou rédigés en langage SMS, ce qui manquait totalement de finesse. Rien de ce qu’elle ouvrit ne mérita qu’elle s’y attarde entre les vieux pervers et les petits jeunes qui fantasmaient sur les vieilles.
A la suite de ce bizutage déchaîné, Julie modifia les traits essentiels de son profil en troquant la photo de son décolleté contre l’image d’une Walkyrie au visage déterminé mais aux formes sexy et en rectifiant la phrase qui résumait son humeur du jour. Il lui paru clair qu’en déclarant désirer combler ses appétences, elle se faisait passer pour une fieffée nymphomane. Et pourquoi ne pas essayer:”Envie de vivre mes envies”? Les allitérations étaient incontournables quand on cherchait à donner du style à une phrase. Elle eut un peu honte d’elle-même, son éducation stricte ne cessant de lui coller à la peau, puis elle opta pour une citation plus philosophique:” Je vis comme le temps file, à cent pour sang et dans un sens !” Ces modifications eurent l’effet escompté et le flux de messages malintentionnés diminua. En étudiant et en égrenant les différents profils, elle se créa des amitié virtuelles qui lui ressemblèrent plus et qui la firent enfin progresser d’un point de vue relationnel.
Cygne49 se lia d’amitié avec Tigre Rouge, Gégé 82121 et Charlatemps. Il s’écrivèrent depuis chaque jour en illustrant parfois leur réponses d’images humoristiques ou de photos intimes. Sur dernière photo que Julie avait prise, elle posait à quatre pattes et en nuisette noire et transparente sur son lit afin de mettre en valeur sa chute de reins. Elle y tournait la tête de manière à ce que l’on ne voit pas son visage. Ses seins en revanche étaient visibles comme la nuisette ne lui collait pas à la peau et on devinait la courbe de son fessier qui ne manquait pas de sensualité non plus. Rares étaient ceux qui avaient droit à ce genre de photo osée car Julie n'accordait pas sa confiance facilement mais quand elle offrait son amitié, c’était entièrement et ses confidences avaient infiniment plus de valeur que ses photos, aussi sexy furent-elles. Même le vieux gars à qui elle avait donné rendez-vous devant le grand théâtre n’avait pas eu le privilège de les voir. Il était gentil et s’exprimait avec courtoisie mais il manquait le quelque chose qui l’aurait fait se lâcher.
Julie se releva et s’étira devant son miroir, les bras tendus vers le plafond, les mains jointes et retournées. Le noeud de sa serviette blanche ne résista pas au mouvement et glissa en silence sur le sol, laissant Julie toute nue. Ses petites rondeurs au niveau des hanches la dérangeaient et ses bras s’épaississaient un peu mais s’étirer de la sorte l’affinait. Julie tourna sur elle-même comme une danseuse étoile puis afficha une grimace de perplexité. Son corps vieillissait inexorablement bien qu’elle se sentit dans une forme olympique. La quarantaine séduisante était derrière elle mais elle possédait encore de très beaux restes et nombre de femmes de son âge ne pouvaient pas en dire autant. Elle se considérait comme un fruit devenu mûr mais plus sucré que jamais. Quelle bouche finirait par la croquer ? Elle l’ignorait encore.

Elle enfila à nouveau les vêtements de sa tournée matinale puis sortit de la chambre pour frapper à celle de Léa. La voix de sa fille l’invita à entrer et elle la découvrit en train de bûcher sur son bureau, livres de cours et cahiers grands ouverts.
- Excuse moi Léa, tu es sans doute en plein rattrapage de tes heures de cours manquées de ce matin, lança t’elle avec un mélange de reproche et de regret. Comment se fait-il que tu rentres aussi tôt ?
Léa se leva pour embrasser sa mère. Autant faire bonne figure pour minimiser un courroux dont elle se passerait très volontiers.
- Madame Demare était absente alors j’ai fini une heure avant la fin, se justifia t’elle d’une voix innocente. J’ai raté l’anglais et le français mais tu connais ma détermination quant à rester à jour maman. J’étais justement en train de recopier les cours de Nadia lorsque tu as frappé et en plus nous n’avons pas d’interro avant la semaine prochaine. Je n’ai donc pas râté grand chose.
Elle appuya cette dernière sentence d’un clin d’œil qui se voulait de connivence mais Julie ne lui accorda pas cette complicité.
- Et si ta panne de réveil était tombée un jour d’interrogation écrite ou pire le matin du brevet ? Tu aurais fait comment ? Tu te sers de ton portable mais jamais du radio-réveil alors ça optimise les risques de sombrer à nouveau dans un sommeil léthargique puisque tu vides sa batterie en envoyant des messages aux copines. Alors forcément, monsieur Wiko n’a plus suffisamment d’énergie en réserve pour te remettre dans le bain au petit matin. Je le sais puisque c’est moi qui reçois les factures détaillées, ton père ne se donnant pas la peine de contribuer de près ou de loin à ton éducation.
- Maman, s’attrista t’elle, tu sais bien que je fais attention d’habitude et mes notes sont plutôt bonnes. C’est d’ailleurs pourquoi le CPE m’a laissée participer en cours sans qu’il ne te téléphone. Il me croyait lui‼!
La moutarde commença à escalader les sinus de Julie qui n’était pas d’humeur à se remettre en question.
- Et je te crois aussi mais dis-toi bien que je ne peux pas me permettre la moindre panne de réveil en ce qui me concerne. Dis-toi je suis à mon compte et que j’ai endossé de grandes responsabilités. Tu dois réaliser l’importance d’être à l’heure dans ton planning. Et excuse-moi, mais à part le fait d’être à l’heure à tes cours et de ramener des notes plutôt bonnes, je ne te demande pas grand chose. Alors tache d’être plus responsable dorénavant.
Léa baissa ses yeux marrons avec un air penaud. Elle pouvait se mettre dans la poche la plupart des gens en combinant tristesse et désarroi intense sur sa bouille d’ange mais cette stratégie ne fonctionnait pas avec sa mère. Du moins, pas dans le sujet délicat de sa scolarité.
- Oui maman, dit-elle d’une petite voix. Tu penseras à me faire un mot pour demain. Je n’ai pas le droit de l’écrire moi-même puisque je ne suis pas majeure.
Les yeux du même marron foncé de Julie se plissèrent alors qu’elle retenait un rictus trahissant son amusement. Sa fille ne manquait décidément pas de ressources. Et dire qu’elle n’avait que 13ans. Qu’est-ce que ça serait quand elle en aurait 17 ? Elle n’avait pas oublié qu’elle avait été une enfant rebelle à partir du lycée mais c’était elle la mère a présent.
- Je le rédigerai tout à l’heure. Je vais bientôt repartir travailler. Vous devrez manger sans moi ce soir tous les trois alors je vous laisse vous débrouiller.
- Au fait, maman. Tu as réfléchi pour le concert de Soprano ? Anaïs y va et elle est d’accord pour m’emmener avec elle.
Julie soupira de dépit. Elle n’était pas contre cette sortie mais Léa était si jeune et elle ne se voyait pas l’accompagner. Ses yeux tombèrent sur les posters de Soprano mais aussi de Selena Gomez et de Niall scotchés contre les murs blancs de sa petite chambre dénuée de télé, de console de jeux et d’ordinateur.
- On en rediscutera, c’est promis. Et puis imagine que ça tombe le week-end où tu seras chez ton père ? Ce n’est pas lui qui te fera cette fleur, tu peux en être certaine. Quant à Anaïs, elle s’efforce de lui rendre visite le moins souvent possible depuis qu’elle a eu 18ans. C’est à dire jamais ! Je doute alors qu’elle vienne te chercher sur place et te ramener ensuite, même si elle t'adore.
Léa grimaça un peu, elle était la seule à pouvoir supporter le caractère égoïste de son père car ce dernier avait mis un peu d’eau dans son vin lorsque son ménage se mit à battre sérieusement de l’aile. Il fut ainsi plus proche de sa dernière que de Valentin et Anaïs.
- Ben en fait, ça tombe un mercredi soir, précisa t’elle avec un sourire gêné. C’est à l’Arena Loire Trelaze, le 2 mai à 20h. Mais ça ne finit pas très tard, c’est comme si on regardait un film au cinéma.
- Un mercredi soir ? Mais tu as cours le lendemain Léa. Ce n’est pas que je veux pas mais tu me demandes ça le jour où tu as une panne de réveil. Ce n’est pas des plus judicieux.
- Justement, ça sera les vacances de Pâques et pendant la semaine où je serai là. Et je payerai la place avec mon argent de poche.
Sa voix montait dans les aigus avec un mélange d’espoir et d’appréhension. Julie se résigna et accéda à sa requête. Après tout, elle ne pouvait pas tout lui interdire. Elle était même encline à payer les entrées vu le peu d’argent de poche qu’elle leur cédait. Léa se dressa sur la pointe des pieds, prit sa mère dans ses bras puis l’embrassa sur la joue. Julie sourit de plaisir puis s’en alla en refermant la porte. Endosser le rôle d’une mère sévère n’était décidément pas pour elle où plutôt, ses enfants trouvaient toujours un moyen de contrer son inflexibilité.

Il lui resta une demi-heure pour passer boire un café chez sa collègue et amie Chantal puis pour se rendre au cabinet médical afin de s’occuper de la gestion informatique. Elle enfila son manteau puis avertit Léa de son départ. Pas d’homme pour déposer un baiser sur ses lèvres avant de s’en aller et encore moins pour la serrer dans ses bras. Avec le temps, elle ne réalisait même plus que ces gestes tendres étaient absents de sa vie. La femme énergique et passionnée qu’elle était en faisait cruellement son deuil.

5

Sous une vaste véranda foisonnante de fougères, de bougainvillées et même d’un citronner, Julie Thérain et Chantal Fontaine confortablement installées dans des fauteuils en osier buvaient leur café dans un service élégant en porcelaine. Julie aimait beaucoup cette véranda qui sentait bon la chlorophylle et offrait une vue privilégiée sur l’Authion. La maison de Chantal était volumineuse, dans un style de construction ancienne similaire à celle de Julie et son mobilier était composé de vieux meubles en bois sombre. Chantal en revanche n’était ni vieille et ni sombre. Elles se connaissaient depuis qu’elles avaient travaillé ensemble dans le service des urgences du centre hospitalier universitaire d’Angers puis Julie prit un virage à 90° pour se mettre à son compte et monter son propre cabinet d’infirmières. Peu après, Chantal quitta le CHU à son tour pour rejoindre son amie au Pont de Cé.
Leur discussion portait sur la rude concurrence des autres cabinets d’infirmières qui avaient un impact sur leur activité et leurs revenus. En outre, elles délibéraient sur l’insuffisance du jeune collaborateur que Julie avait engagé. Passablement énervée, sa voix clairette et enfantine avait pris un ton acerbe et courroucé.
- Stéphane est exaspérant, il cherche à imposer sa propre volonté dans le cabinet et ne respecte pas les traits de notre contrat. Il planifie mal les tournées à venir ce qui me donne du travail supplémentaire, ne m’informe pas des faits marquants et ne s’occupe jamais des charges administratives. En gros, il se la coule plutôt douce. Je vais me faire un plaisir de le remplacer dès que j’en aurai l’occasion. En plus il n’est pas très cool avec les patients. J’en ai plusieurs qui se plaignent de lui. Il m’a fallu un an pour me faire une clientèle alors je n'ai pas envie de la perdre au profit d’un autre cabinet d’infirmières.
- Depuis que nous travaillons avec lui, je termine mes tournées une demi-heure plus tard, ajouta Chantal. Il me tape sur les nerfs à moi aussi. C’est toi la titulaire du cabinet alors tu restes maîtresse des décisions à prendre au sein de ton entreprise.
- Il est collaborateur libéral ce qui ne signifie pas qu’il est associé au cabinet comme toi. Quand son contrat de collaboration libérale à durée déterminée prendra fin, il prendra la porte et personne ne le regrettera. Je suis gentille mais il ne faut pas me prendre pour une conne non plus.
- Tu verras que ça finira par s’arranger. Plus que quelques semaines et n’oublie pas que tu te rendras au salon de l’infirmière à Paris le mois prochain. Ça sera l’occasion de découvrir les innovations en matière de matériels et de soins. Peut-être des moyens informatiques pour te faciliter le travail de gestion et de programmation. Et puis tu feras des rencontres qui sait ?”
Elle appuya cette éventualité d’un clin d’oeil coquin. La vie sentimentale morne de son amie la préoccupait. Julie était pourvue de tout ce qu’un homme désirait chez une femme. Dommage que les plus fréquentables soient plus inaccessibles que Mickey à Disneyland. Un chéri lui changerait radicalement la vie.
- Pfffff…Tous ceux que j’ai rencontré jusqu’à maintenant ne me convenaient pas. Le dernier empestait la clope. Il y en a eu un autre gentil mais moche et empâté. Dès le premier regard j’ai su qu’il n’y aurait aucun espoir entre nous. Nous avons passé la soirée ensemble en allant au restaurant et en faisant quelques pas, c’était sympa.
- Juste sympa, répéta Chantal qui connaissait cette histoire par cœur mais qui écoutait son amie avec patience.
- Il essayé de me prendre la main, de m’embrasser mais je n’aimais pas son contact. Ça me dégoûtait presque. Je pense que j’ai un grave problème de ce côté-là. Comment pourrais je trouver un homme si je ne supporte pas plus qu’un simple effleurement de sa part ? Je lui ai donc expliqué que nous en resterions là, qu’il n’était pas la peine de gâcher une centaine euros dans une chambre d’hôtel si c’était juste pour dormir sans pouvoir se toucher.
- C’est que tu ne dois pas chercher aux bons endroits, expliqua Chantal en posant sa tasse vide sur le plateau. Julie parlait plus qu’elle ne buvait son expresso. Ce n’est pas dans un bar de nuit ou dans un site de rencontres que tu remporteras le jackpot. Essaye plutôt de fréquenter des lieux plus classes comme les musées ou les expositions.
- Tu en as de bonnes toi, je ne connais pas grand chose à ces milieux. Je vais déjà dans une salle de sports sauf que les hommes ont entre dix et vingt ans de moins que moi et matent les petites jeunes bien roulées qui remuent leur popotin en chœur sur l’électro de David Guetta. Certaines portent des leggings si serrés qu’il leur moulent même les lèvres de leur minou. Je suis sûre qu’il y a des hommes qui participent au fitness que pour voir ça.
Chantal rigola à cette évocation, les hommes ne savaient pas dissimuler leurs regards vicieux. Il était facile de découvrir l’objet de leur préoccupation, surtout lorsqu’un filet de bave pendouillait de leur menton.
- Alors oui, je parle à certains mais ils sont déjà pris. Et puis il y a quelques aguicheuses de mon age qui tournent autour du moniteur de fitness en rivalisant de tentatives de drague. Elles ont plus de succès que moi avec mon bidon que je n’arrive pas à faire disparaitre. Tu les verrais ces grognasses. Elles sont fines et élancées mais leurs fesses sont tombantes. Elles portent des vêtements de sport moulants et flashy, sont fardées pour mettre leurs petits yeux en valeur et leurs cheveux décolorés ne dissimulent pas entièrement leur grisaille. Et enfin elles reluquent les muscles saillants du moniteur en éclatant de rire à la moindre de ses exclamations. Je suis moqueuse mais il fallait les voir se comporter comme des pouffiasses mortes de faim.
Julie avait retrouvé sa voix fluette en contant ses péripéties et Chantal en fut heureuse car cela signifiait qu’elle n’accordait pas tellement d’importance à ces nanas au lourd passé de séductrices. Elle regarda bievement vers sa grande horloge puis l’interrompit en lui indiquant l’emplacement de sa montre de l’index avec un sourire navré.
- Ouhlala, fit-elle en se levant d’un bond. Faut que je me remue les fesses.
Elle bu le reste de son café d’une traite puis salua Chantal avant de courir vers sa voiture. La portière claqua, Julie fit un dernier signe de la main tout en démarrant puis regardant droit devant elle avec un air déterminé et engagé.

6

Deux cents mètres plus loin, elle se gara en catastrophe sur le parking du square du pigeon pour lire un message privé sur son iPhone. Un certain Canasson Noir s’intéressait de très près à Cygne49 depuis quelques jours. C’était un profil qui avait de l’humour et qui rédigeait des phrases pourvues d’un sujet, d'un verbe et de quelques compléments d’objets directs ou indirects et qui y intégrait des sujets autres que le sexe. D’après ce qu’il lui avait écrit précédemment, il vivait et travaillait au Mans, alors le rencontrer serait tout à fait envisageable. Il était de sa tranche d’âge, divorcé et doté d’un visage assez agréable à regarder. Cette fois-ci, elle ne pensa pas que la photo fut retouchée car elle correspondait à la description qu’il faisait de lui. La curiosité la poussa donc à faire plus ample connaissance.
Et puisque la psy l’encourageait à aller de l’avant, cela lui faisait une raison de plus pour s’aventurer dans une histoire pleines de promesses. Julie n’était pas une experte du jeu de la séduction mais elle se dépassa avec l’espoir de vivre quelque chose de fort. Elle tapota quelques compliments teintés d’humour envers Canasson Noir suivies d’une petite anecdote la concernant. Révéler trop de confidences à la fois pouvait gaspiller cet oxygène qui attisait leurs braises. Elle s’imposa donc de suivre le cheminement de ses pensées sans se hâter.
Peu après, elle repris la route et le cours de sa tournée en se motivant en passant des classiques de The Queen. Le destin allait-il lui tendre une main secourable en lui accordant enfin l’amour ou lui ferait-il un sourire aussi fourbe que le Chat du Cheshire dans Alice au pays des merveilles ? Julie fit le choix d’y croire comme l’indiqua son attitude car elle chantonna en duo avec Freddy Mercury sur Radio Gaga et se surpris même à être aimable avec les autres automobilistes.
Ne pas craindre d’être lent, mais craindre de s’arrêter !!!
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