Gérald Gallant - Tueur a gage des Rock Machine (Hell Angel). Un des plus grand tueurs à gages du Québec.
Au hasard d'une vidéo sur youtube, j'ai découvert un tueur à gages qui a oeuvré au sein de la guerre de Bikers au Québec fin des années 90 et début des années 2000.
Il m'a marqué parce qu'il n'avait rien d'un tueur, du moins en apparence.
C'est quelqu'un de très calme, effacé et timide, qui souffre d'un problème de bégaiement.
A cause d'une enfance plus ou moins malheureuse, et de son défaut de language qui a fait un mélange détonnant, à mon sens, il a finalement versé du mauvais côté.
D'après l'article d'un journal Québecquois :
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Arrêté lors du projet Baladeur en 2006, Gérald Gallant a admis être l'auteur de 28 meurtres et de 12 tentatives de meurtre, entre 1978 et 2003. En avril dernier, le 11e et dernier de ses complices ou commanditaires qu'il a dénoncés à la police a été condamné. Le Journal a eu accès à ses confessions aux policiers et aux détails de la vaste enquête qui a permis de l'écrouer. La preuve amassée par la Sûreté du Québec comporte notamment une cinquantaine d'heures d'interrogatoires du tueur sur vidéo et plusieurs milliers de pages de rapports d'enquêtes policières, de photos de scènes de crimes et de déclarations de témoins. Ces détails n'ont jamais été rendus publics auparavant. Voici un portrait inédit du pire tueur à gages de l'histoire du Québec et de ses crimes.
Plusieurs rapports du Service correctionnel fédéral et de la Commission nationale des libérations conditionnelles, rédigés au sujet de Gérald Gallant durant ses peines d'incarcération, font état de l'enfance et de la jeunesse du tueur à gages. Le Journal a consulté ces documents, inclus dans la preuve volumineuse amassée lors du projet Baladeur, et en a tiré des passages touchant cette période de la vie du délateur.
Le 5 mai 2006, Gérald Gallant célèbre son 56e anniversaire de naissance dans un «palace» 5 étoiles de Genève. Sans le savoir, c'est dans cette chambre luxueuse qu'il vit ses dernières minutes de liberté puisque la police s'apprête à lui passer les menottes.
Le pire tueur à gages de l'histoire du Québec comptait bientôt retourner à Donnacona plus riche de 400 000 $, grâce à la revente sur le marché noir européen des montres haut de gamme qu'on lui a commandé de voler en Suisse.
Depuis une semaine, il a arnaqué des bijouteries pour une valeur d'environ 250 000 $ au moyen de cartes de crédit falsifiées. Il a eu l'idée de magasiner en arborant un veston Versace, une montre Cartier et un portefeuille griffé Louis Vuitton, pour mieux berner les bijoutiers suisses. Ceux-ci – comme les 28 hommes qu'il a assassinés au Québec entre 1978 et 2003 – n'y ont vu que du feu.
Enfant battu
Depuis son enfance «malheureuse», Gérald Gallant rêve de devenir riche, d'être un «voleur des ligues majeures». Quand il était un gamin, il «pleurait souvent» et «se sentait rejeté».
Quand le polygraphiste Alain Turbide, de la Sûreté du Québec, lui a demandé, le 6 décembre 2008, quelle était «l'expérience la plus traumatisante» de sa vie, le tueur a répondu sans hésiter: «Mon enfance».
Né à Chicoutimi en 1950, il est le 4e d'une famille de cinq enfants. Il est frêle, sa santé est «fragile». Il a un souffle au coeur et fait du rhumatisme à une jambe. Ses parents le surprotégeaient, a-t-il dit à la Commission nationale des libérations conditionnelles.
Gallant adore son père, contremaître à l'aluminerie Alcan, à Arvida. Branché au «détecteur de mensonges» de la SQ, Gallant déclare toutefois avoir été «battu beaucoup» par sa mère.
«J'ai été élevé dans la violence par elle», précise-t-il alors, en ajoutant que sa mère est la personne qu'il «respecte le moins dans (sa) vie».
«J’ai pas assisté à ses funérailles, a-t-il dit. Je me sentais mieux de même.»
Il a notamment raconté à Raymond Bouchard, un de ses vieux acolytes du monde interlope à Québec, que sa mère l'enfermait dans un garde-robe quand il était petit.
Ridiculisé à l'école
De plus, Gallant ne peut supporter les infidélités de sa mère, qu'il a lui-même surprise «avec d'autres hommes», selon des rapports correctionnels datant des années 70.
«La mère trompait son époux et en plus, le dominait. Gérald ne pouvait absolument pas tolérer la mollesse du père et à maintes reprises, s'est interposé entre les deux parents pour prendre la part du père.»
Mais son pire handicap est un défaut de langage dont il ne s'est jamais débarrassé.
«Il bégaie énormément. Il fut évidemment l'objet de moqueries de la part de sa famille (...). Prenant beaucoup de temps à parler, il faisait continuellement l'objet de quolibets de la part des autres élèves et les enseignants, pour leur part, le négligeaient beaucoup.»
À 15 ans, Gérald Gallant décroche de l'école. Il n'a terminé que sa 5e année. Son quotient intellectuel n'est évalué qu'à 88, selon des tests qu'on lui a fait passer en détention.
«Le sujet a un potentiel intellectuel sous la moyenne», écrit l'orienteur Jean Olczyk, du pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines, en 1978.
Se sentir accepté
«Insécure» et «renfermé», le jeune Gérald Gallant fait des mauvais coups pour se «sentir accepté» des autres. Il vole notamment une voiture à bord de laquelle lui, un ami et «deux copines» se sont offert une «joy ride» pendant toute une soirée.
«(Dans ma jeunesse), j'ai commencé à faire des vols par effraction avec des amis au Saguenay–Lac-Saint-Jean, (...) à l'intérieur de petites épiceries ou de dépanneurs. Nous recherchions surtout des cigarettes car nous avions un contact pour les vendre.»
À 18 ans, Gallant se moque des autorités une première fois, afin d'obtenir son permis de conduire.
«J'ai eu un permis de conduire en changeant ma date de naissance sur mon baptistaire (sic), soit le 7 mai 1947. À cette époque, nous avions les permis de conduire à 21 ans. Tous mes antécédents judiciaires sont sur cette date-là, car ils m'identifiaient avec mon permis de conduire», a raconté le tueur aux enquêteurs en 2006.
Gallant travaille tantôt comme plongeur à l'hôtel Chicoutimi, comme emballeur dans un marché Steinberg ou comme poseur de tourbe pour la Saguenay Peatmoss. Mais il cherche à faire «de l'argent facile sans trop d'efforts».
Il lit peu, sauf les journaux spécialisés dans la couverture des affaires policières. Il va au cinéma quelques fois par mois, ayant même «une préférence pour les films d'amour».
Gallant entre aussi dans les Cosaques», un gang où «il se valorisait en bravant l'ordre établi et au surplus, se sentait pleinement accepté» par ses comparses. Il «aime la vitesse automobile» et fréquente des «filles assez faciles».
Première offense «passagère»...
«Vers 14 ou 15 ans, j'ai commencé à faire des vols par effraction avec des amis au Saguenay–Lac-Saint-Jean, principalement à l'intérieur de petites épiceries ou de dépanneurs. Nous recherchions surtout des cigarettes car nous avions un contact pour les vendre.»
Le 27 octobre 1969, il est condamné à sa première peine d'emprisonnement, d’une durée de 23 mois, pour une série de larcins.
«J'ai fait ma détention à la prison de Chicoutimi et j'ai connu de vieux voleurs de banque qui me disaient «tu perds ton temps dans les vols par effraction, c'est les vols de banque qui sont payants». En plus, ils me disaient le best, c'est d'entrer dans un gang de voleurs de banques.»
Gallant trompe la Commission nationale des libérations conditionnelles à la première occasion, quelques mois plus tard.
«Gérald ne présente en aucune façon l'image d'un criminel structuré ni même d'un récidiviste. C'est sa première offense que je qualifierais de passagère. (...) Sa possibilité de récidiver semble nulle», écrit l'agent aux libérations conditionnelles Serge Lemieux, le 10 février 1970.
Gallant sort de prison en juin suivant. À peine 59 jours plus tard, il est arrêté de nouveau pour avoir dévalisé la caisse populaire de Chicoutimi-Nord avec un complice et écope de trois ans de pénitencier.
Rien ne laisse alors présager que Gérald Gallant deviendra plus tard un redoutable tueur à gages pour des organisations criminelles rivales des puissants motards Hells Angels, qu'il fera 28 morts et qu'il parviendra à s'esquiver des policiers durant près de 30 ans.
L'ascension d'un petit voleur
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Petit braqueur sans envergure, Gérald Gallant a trouvé sa «nouvelle voie» au pénitencier de Cowansville en côtoyant un «vrai caïd» qu'il admirait, Raymond Desfossés.
Le 24 octobre 1973, Gallant — qui a passé seulement cinq mois en liberté au cours des quatre dernières années — participe à un autre vol à main armée.
Mais ce braquage dans une bijouterie de Chicoutimi tourne mal. Pendant qu'il attend ses deux complices dans une auto volée, Gallant s'enfuit quand l'un d'eux, Gilles «Balloune» Côté, tire en direction des policiers. Arrêté, Côté va incriminer Gallant — qui exercera une vengeance sans merci 12 ans plus tard.
Gallant se rend aux policiers alors qu'il se sait recherché. «Mon père avait des problèmes de santé, des problèmes avec son coeur et je voulais pas accentuer ça. J'avais beaucoup de remords», a-t-il affirmé à la SQ.
Son avocat lui a dit qu'il s'en tirerait «à bon compte» en plaidant coupable. Il est condamné à huit ans d'incarcération, le 14 juin 1974.
Un dévoué complice
Il est envoyé au pénitencier de Cowansville, où il fait la connaissance du caïd trifluvien Raymond Desfossés, un leader influent du gang de l'Ouest, et de son lieutenant à Québec, Raymond Bouchard. C'est également là qu'il rencontre Jean-Claude Gagné et son «grand ami», Denis Corriveau.
Raymond Desfossés, photographié par les policiers après une de ses arrestations durant les années 70. Gérald Gallant l’a côtoyé au pénitencier de Cowansville et il a été impressionné par le caïd, qui est devenu son patron après leur libération.
Denis Corriveau, que Gallant a connu au pénitencier de Cowansville, est devenu un de ses meilleurs amis et complice de quelques-uns de ses meurtres.
Jean-Claude Gagné, un autre ex-camarade de détention de Gallant, a notamment aidé le tueur à commettre son 28e et dernier meurtre.
Raymond Bouchard, que Gallant a connu au pénitencier, était le lieutenant du gang de l’Ouest dans la région de Québec. Le délateur l’a impliqué dans une quinzaine de ses meurtres.
Ces quatre hommes deviendront des commanditaires ou complices de plusieurs meurtres que Gallant allait perpétrer, notamment durant la guerre des motards. Quatre comparses que Gallant a trahis après son arrestation en 2006.
«M. Raymond Desfossés m'impressionnait beaucoup. Il contrôlait le trafic de drogue au pénitencier. C'était un vrai caïd. Il était à la tête d'une organisation de voleurs de banques. Je voulais faire partie de cette organisation pour devenir riche», a déclaré Gallant aux enquêteurs du projet Baladeur.
Gallant a rappelé qu'il avait «gagné la confiance» de Desfossés en cachant sa drogue au «local de peinture» du pénitencier, où les autorités croyaient qu'il faisait «de la bonne besogne». Il s'est même «plogué» le rectum de mescaline lors d'une sortie autorisée par le service correctionnel pour faire entrer la drogue à son retour au pénitencier, selon ses déclarations à la SQ.
«Personne lui disait non. J'ai parlé beaucoup avec lui et j'avais convenu qu'en sortant du pénitencier, j'allais entrer avec contact avec lui. Il m'avait dit qu'il ne donnait pas son numéro de téléphone à beaucoup de monde.»
«J'ai trouvé en moi une force»
Gérald Gallant, photographié durant une filature des policiers en 1980, sur la Côte-Nord, durant l’enquête sur le meurtre du trafiquant Louis Desjardins.
Manipulateur, Gallant a pris soin de faire son plus beau mea culpa aux autorités des libérations conditionnelles avant de redevenir un homme libre en septembre 1978.
«Je ne pense plus qu'à ce qui compte vraiment dans la vie, acquérir une situation stable et vivre en tant que citoyen sain et productif dans la société. (...) J'ai trouvé en moi une force et je m'en servais à mauvais courant. (...) J'essaie de faire prendre une nouvelle voie à ma vie, car à mon âge, c'est le temps que j'y pense», a-t-il écrit dans sa demande de libération.
Le 30 janvier 1980, sur la Côte-Nord, il prenait sa «nouvelle voie».
«J'ai fait mon premier meurtre pour Raymond Desfossés», a admis Gallant, 26 ans plus tard.
Une vidéo youtube plus parlante, si vous vous ne voulez pas lire le "pavé"
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