

En cette nuit froide dont seuls les plus rudes hivers ont le secret, j'airais telle une âme en peine dans les rues sombres de ce village qui m'a vu naître, paisibles et désertes.
Quoi de plus horrible qu'une vie dont le sens nous échappes?
C’était cette même question qui m'avait mené, en ce jour des plus banals du 23 décembre, à poursuivre ma réflexion dehors dans la neige.
Marcher, marcher, marcher... Comme si faire les cent pas avait la moindre chance de m'apporter ne serait-ce qu'une once de vie sociale, et encore moins la femme de ma vie...
Alors que je passais devant mon énième pâté de maison, un brise glaciale vint me caresser la nuque au point de m'arracher un frisson, à la fois de froid mais aussi car, à ce même moment, je ressentis comme un regard se poser sur moi, mais pas n'importe quel regard, celui qui vous donne l'impression de n'être rien de plus qu'une fourmis parmi tant d'autres.
Cette sensation ne me quittait plus, j'avais beau continuer à marcher en l'ignorant, je sentais ces yeux posés sur moi comme si j'étais la cible d'une entité sur laquelle je n'avais aucune emprise.
Cette impression me donnait envie de disparaître comme par magie, cette situation m’oppressait, il fallait absolument que je me débarrasse de ce sentiment d'impuissance, que les lampadaires de la ville ne faisaient qu'accentuer.
C'est alors que mon regard ce tourna instinctivement vers le seul endroit qui aurait put m'apporter le moindre réconfort; Au cœur de cette nuit noire, ce dressait une immense Coline qui surplombait la ville. on ne voyait qu'un mince filet de fumée blanche qui s'échappait du haut de cette bute, mais son origine était caché par une forêt dense qui la recouvrait.
Cet endroit m'attirait inexorablement , il représentait mon unique échappatoire contre ce regard qui me glaçait le sang.
Après cinq minutes d'une marche qui me parut inexorable et incroyablement effrayante, je me retrouvait enfin au pied de cette colline. Un chemin de terre serpentait vers la probable maison qui produisait la fumée. Plein d'une envie de mourir pour ne plus avoir à subir cette sensation, je m’élançait alors sur ce chemin sombre et lugubre pour me cacher dans cette forêt sinistre.
Arrivé à la lisière de la forêt, la fatigue m'avait déjà gagné mais la peur m’empêchait de me laisser aller dans un sommeil profond. Lorsque cette sensation atroce me quitta je m'assoupissais roulé en boule au pied d'un arbre comme protégé de cette pression invisible.
Une sensation de métal froid me sortis de mon sommeil, suivit d'un cliquetis qui me fis ouvrir les yeux en un éclair. La fatigue quitta bientôt mes yeux et laissa place à une terreur sans limites. On venait venait de m'attacher le cou avec un collier métallique, un de ceux utilisés pour les prisonniers.
Le temps d'ouvrir les yeux plus personne n'était là, impossible de savoir qui venait de de m'entraver. La panique m'assaillit de nouveau, je me mis à tirer de toutes mes forces sur la chaine, à me débattre, mais mes pieds glissaient dans les feuilles recouverte de neige; hélas rien n'y faisait impossible de me libérer.
Quand le calme revint dans ma tête, je me relevai et je décidai à suivre cette chaine qui me liais à l'inconnu. Elle suivait le chemin qui menait au sommet de la forêt. A mon grand bonheur, je ne sentais plus ce regard qui m'était imposé avant que je ne m'endorme.