
Elle n'allait tout de même pas le laisser seul comme ça ? Pourtant, le bruit de la porte fut suivi de celui de pas s'éloignant puis d'un silence pesant... elle était bel et bien partie.
Il reprit conscience peu à peu de ses épaules, endolories par la traction de ses bras vers l'arrière, de ses poignets si serrés par la corde qui les enlaçait, les liant l'un à l'autre derrière son dos, les plaquant contre le matelas en dessous duquel elle était solidement arrimée, probablement nouée autour d'une des lattes du sommier. Il ressentit à nouveau les battements de son cœur dans sa poitrine, si forts, et pourtant sur un rythme si calme. Poussant sur ses jambes, il se redressa un peu et se cala du mieux qu'il put dans les oreillers au creux de ses reins, la tête contre le bord arrondi de la tête de lit. Il faisait face à la porte, scrutait son retour de ses yeux clos sous le bandeau. La peau de son torse le brûlait un peu, elle y avait dessiné de ses ongles des traînées sinueuses qu'elle se plaisait à suivre ensuite du bout des lèvres ou de la langue, réveillant et apaisant en même temps le feu délicieusement cuisant de la lacération. L'air frais caressait sa peau nue. La salope avait laissé la porte ouverte ! Il n'était qu'à moitié dévêtu, son jean protégeait toujours les parties de son corps que sa pudeur n'aurait pas supporté d'offrir à la vue d'inconnus, mais la situation si intime dans laquelle elle l'avait abandonnée ne méritait pas plus d'être exposée aux regards. Pourvu que personne ne passe devant leur chambre. Les probabilités étaient minces, il était tard, la nuit était calme, mais son impuissance faisait grandir une boule de rage au creux de son ventre.
Elle était le chaud et le froid, il pouvait la vénérer, s’abandonner en toute confiance, en ressentir une sérénité incroyable et l'instant d'après la haïr pour ce qu'elle lui faisait subir ou avait fait de lui. Elle était ange ou démon, ingénue ou femme fatale, tendre ou perverse.
Ses oreilles aux aguets perçurent des bruits de pas, coupant court à ses tergiversations. Ils se rapprochaient, il lui semblait reconnaître ses pas. Une pause marquée sur le pas de la porte. Soit une inconnue se trouvait là probablement sidérée du spectacle qui s'offrait à sa vue, soit elle prenait le temps de l'admirer avec ce petit sourire mêlant admiration et satisfaction. Son cœur malgré ses efforts pour le contrôler accéléra la cadence. De nouveau les talons claquèrent sur le sol, s'approchant lentement mais inexorablement de lui. Il essaya de paraître serein, ce ne pouvait être qu'elle... Mais la sueur perlait tout de même au creux de ses reins. Il crut percevoir le rapprochement de son corps penché au dessus du sien, puis sentit un souffle léger contre son visage, et finalement des lèvres pressant lourdement sur les siennes. "j'ai ramené à boire !" Un ton léger, de l'agitation, le bruit d'une fermeture, le tintement cristallin du verre, des mouvements, le pop d'un bouchon sautant suivi du fruissement (ça n'existe pas mais c'est bien joli) du liquide mousseux remplissant un verre ou une coupe.
"tu as soif ?" Elle était déjà pardonnée, un sourire esquissé suffit à lui répondre. En lieu de verre, ce furent de nouveau ses lèvres qui s'approchèrent des siennes, il tendit un peu le cou pour venir à leur rencontre, entrouvrit la bouche pour capturer ce baiser, mais au lieu de sa langue, ce furent quelques gouttes de nectar alcoolisé qui s'introduisirent entre ses lèvres. Le vin qu'elle avait gardé en bouche avait tiédi, et sa saveur était imprégnée de son goût à elle. Elle le désaltéra gorgée par gorgée, prolongeant chaque échange par des baisers langoureux qui eurent pour conséquence de le faire se sentir bien à l'étroit dans le jean qu'il portait toujours.
La passion de nouveau les emportait, il tira sur ses liens pour chercher le contact avec son corps, elle se pressa contre lui, le recouvrant totalement de son buste, l'enlaçant fébrilement, enfonçant ses mains dans ses cheveux et sa langue profondément dans sa bouche. Le temps était suspendu, leurs corps enflammés, leur désir à son point culminant.... Et pourtant elle s'éloigna, décolla ses seins de son torse, se détacha entièrement de lui, ne gardant que ses deux mains de part et d'autre de son visage, prolongeant encore le ballet de leurs lèvres et de leur langue.
Et puis soudain son corps se tendit, tous ses muscles se crispèrent, ses traits se figèrent. Une main fraîche venait de se poser sans détour sur son corps, juste au niveau de son plexus solaire. Elle restait immobile, maintenant une pression douce mais franche sur sa peau, alors que ses deux mains à elle étaient toujours contre ses joues. Mais putain qu'est ce qui se passait ? Quelle idée tordue elle avait encore eu ? Était-ce une farce, une ruse pour le malmener ? Quelqu'un était il entré ? Était-ce elle qui avait fait venir ce quelqu'un ? Il se tortilla, essayant de se dérober, sur le papier, la situation aurait pu être excitante, mais dans la vraie vie, c'était pas la même chose... Elle maintint plus fermement sa tête, sa bouche contre la sienne lui murmurant un "chuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuuut" qui se voulait apaisant. Elle s'approcha de son oreille et se mit à susurrer :
"Chuuuut, calme toi, fais moi confiance. Rien ne se passera sans ton accord, détends toi, écoute moi."
Facile à dire...
"Les doigts qui se sont posés sur toi sont les doigts de Lisa. ce sont les plus fins et les plus jolis doigts que tu puisses imaginer. Les caresses de Lisa sont des papillons, ses baisers doux comme le miel, sa peau est sucrée, son corps est un appel à la tendresse, et je voudrais la dévorer avec toi. Je sais que tu voudrais me voir l'embrasser, la cajoler, la faire gémir, et tu vas choisir quand et comment.
Tu peux choisir d'être spectateur, lever le voile qui obscurcit ta vue, et laisser les battements de ton cœur retrouver un rythme normal en ne participant pas à nos ébats. Tu peux aussi me demander de te détacher, ôter toi même le foulard, découvrir mon invitée, et choisir alors de jouer avec nous, aussi librement qu'il te plaira gérant toi même tes émotions. Tu peux enfin décider de ne rien changer pour le moment, céder à l'excitation de l'inconnu, accepter de ne pas encore pouvoir prendre le contrôle des événements et nous laisser toutes deux le droit de disposer de toi ; c'est probablement le choix le plus frustrant et le plus enivrant aussi, et quand nous en aurons fini, ou quand nous n'y tiendrons plus, nous te libérerons pour que tu puisses enfin nous voir et nous satisfaire. Chacun de ces trois choix est promesse de délices, libre à toi de déterminer de quelle manière tu veux vivre les choses. Tu peux aussi me demander de mettre fin à ce petit jeu, et Lisa partira aussitôt, aussi discrètement qu'elle est arrivée."